Swing

ERSKINE HAWKINS 1914-1993

Trompettiste et leader de Big Band, Erskine Hawkins étudia l’arrangement avec un professeur qui avait eu comme élève, un certain Duke Ellington. Jouant dans le style Jazz Hot, prenant sa source dans le New Orleans, sa musique appartient est plus du Jazz Swing.
On peut l’entendre en tant que chef d’orchestre en 1938 sur une vidéo de You Tube. Les saxophonistes alto et ténor se lancent en solo, soutenus par une section cuivres de laquelle se dégage une grande énergie par les trombones et les trompettes.
Je tente de vous décrire la musique d’Erskine, au fil de morceaux qu’il a enregistrés.
Sur une autre video on trouve un extrait de “Swingin in Harlem”, un swing détonnant ponctué d’interventions de cuivres soutenant des notes aigues de trompette.
Les saxophones sont doux, puis on entend toute la section de cuivres envoyer des vamps au swing brûlant.
Un morceau célèbre qu’il composa est “Tuxedo Junction en 1939. Une première partie de huit mesures est jouée à la trompette puis une autre de seize mesures est jouée par les saxophones. On a un pont de huit mesures, puis le thème se conclut par huit mesures de la même harmonie de la première partie. La trompette est puissante.
L’orchestre invitait des chanteurs comme vous pouvez l’entendre sur “Whispering Grass” durant lequel on entend des arrangements lumineux de trompettes, trombone et saxophones.
Bluesy sont les riffs de cuivres sur “Dolemite”. Le sax a un son bien rond puissant et chaleureux au cours du solo et les sax et trompettes rebondissent en se répondant les uns les autres.
Très swing et en finesse est le morceau “Five O’Clock Whistle”.
Les harmonies sont basiques, mais sont les piliers de l’harmonie Jazz.
“Shipyard Ramble” commence par des riffs de la section cuivres et une accentuation sur le troisième temps. Après une introduction de quatre mesures où l es accents sont sur le troisième temps, le thème est joué au ténor au son métallique. En impro, la trompette bouchée s’envole vers des notes aiguës.
De doux voiles de cuivres s’étendent sur “Wrap Your Troubles In Dreams” dont la mélodie est interprétée à la voix.
Sur “Nona”, les cuivres déploient des nappes mystérieuses. La guitare lance une note à laquelle répondent les soufflants. Le son est vieux, mais j’apprécie beaucoup le son moelleux de la section et encore plus du soliste, le sax ténor.
Ce Jazz pétillant fait bouger et transmet l’energie.
En 1940, le trompettiste enregistre un morceau où la section de cuivres propage encore une fois une énergie débordante. La clarinette joue un solo où le flux de notes nous emporte.
Sur “Hey Doc”, les riffs des cuivres s’élancent, le baryton gronde. La trompette joue dans les aigus.
“Black-Out” a des accents plus Bluesy. Sur les accords de piano, la trompette et les cuivres dansent.
Les riffs sur “No Use Squawkin” donnent l’impression d’une locomotive.
Plus récente, une reprise de “Soft Winds” de Benny Goodman. Les syncopes font ressentir le swing. Le morceau ressemble à un Blues sur une structure de seize mesures. La guitare s’immisce au milieu des riffs de cuivres. Le ténor est tranquille, la trompette explore des tessitures plus aigues.
Quelque soit le morceau que le trompettiste jouait avec son orchestre, ce rythme ternaire propre au swing était au cœur de la musique.
Si les thèmes se ressemblent, les harmonies sont celles du Jazz Swing, le rythme des solos est celui des croches ternaires.
L’orchestre etait énergique, mais pouvait aussi diffuser des climats langoureux, comme sur “Sometimes”.
Sur “Uncle Bud” c’est un festival de trompettes, un son encore explosif de l’orchestre.
Des croches ternaires se déploie de la joie sur le morceau “Blue Sea”.
On entend un alto au son fin avec en fond ces cuivres dynamiques. Entre trompettes et sax, le mélange est toujours agréable comme sur “Tippin In”.
L’alto est souple pendant la première partie du thème dont le pont est joue à la trompette.
Autre morceau au répertoire d’Erskine, la composition “Bicycle Bounce”, un thème au tempo médium assez cool.
Dans “Holiday For Swing”, les premières notes de la mélodie me rappellent un morceau que Milt Jackson composera plus tard, un Blues intitulé Bag’s Groove.
L’orchestre détonne,le sax ténor reste diatonique, mais les phrases laissent entendre quelques chromatismes, faisant la jonction avec le Be-Bop.
Si Louis Armstrong reste une figure tutélaire pour les Jazzmen de l’époque du Swing et des courants suivants, Erskine transmet par ses compositions et ses arrangements. Les parties des cuivres interagissent merveilleusement avec la rythmique. Les solos sont toujours flamboyants. Moins connu que Jimmie Lunceford ou Billy Eckstine, le trompettiste fut un grand serviteur du Jazz traditionnel.
Pour terminer cette présentation écoutez “Hawk’s Boogie” un thème qui commence par une ligne de basse jouée à la main gauche et que l’orchestre rejoint par ses riffs puissants.
Pour établir cette présentation je me suis aidé de la compilation éditée chez Past Perfect.

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