Sur la route du Jazz

Latin-Jazz

GILBERTO GIL

Il fut Ministre de la Culture de 2003 à 2008 au Brésil, mais il est surtout connu pour son œuvre et ses chansons.
Démarrant sa carrière en 1967 par l’album « Louvacao », on entend un jeune homme poussé par une énergie débordante et des cuivres harmonieux qui interviennent avec précision.
La rythmique est souvent enflammée mais peut être douce et romantique.
Le second morceau « Beira Mar » est orné de cordes romantiques. De l’émotion se dégage des tapis de cordes du titre « Maria ». Le guitariste chanteur joue « Mancada », un morceau au rythme Bossa prononcé par la percussion et les accords de guitare.
Le Portugais est une langue très chaleureuse que Gilberto fait vivre aussi par sa diction et s’ajoute à cela une musique ensoleillée avec un débit vocal à toute épreuve et un placement sans faille.
La flûte est également présente dans les morceaux du chanteur.
« Moreninha » le dernier morceau de la session apporte lui aussi du soleil, tant le rythme est motivant et les cordes tapissent l’univers sonore.
En 1968, le disque « Gilberto Gil » commence par « Frevo Resgado », une musique au caractère euphorique, que les cuivres viennent accentuer. On entend les influences de la pop se mêlant aux rythmes du Brésil. Les percussions sont vives, les guitares sont dans un registre plus pop et les voix s’ajustent les unes aux autres pour de belles harmonies.
Les chants sont joyeux, entraînants comme on l’entend sur le morceau « Pega a Voga » au cours duquel le groove est même présent.
Cet artiste mêle différents courants mais les syncopes du Brésil sont là.
Le climat est ensoleillé sur « Luzia Luluza ». La flûte et les vents accentuent la dimension d’espoir.
Les cuivres présents sur « A Coisa Mais Linda Que Existe » donnent un côté Brass Band. En plus de la clarinette, de la trompette et du trombone, on entend le banjo.
En 1968, Gilberto publie aussi « Tropicana Panis et Circensis ». Les choeurs sur « Miserere Nobis » transmettent cette idée de joie et de fête. J’ai l’impression d’entendre un Big Bazar à la Brésilienne. Ce disque réalisé avec Caetano Veloso, Tom Ze et Os Mutantes illustre les influences Rock et Pop.
En 1972, Gilberto Gil sort « Expresso 2222 ».
« Back In Bahia » est un titre qui annonce le côté Soul Funky. On entend encore ce côté décontracté et ce semblant de groove lorsqu’on écoute « Ele E Eu ». Dans cet album, on entend les sonorités Blues de la guitare électrique.
Le guitariste a une belle technique d’accompagnement qui s’entend sur le morceau éponyme et sur « O Sonho Acabu ». À la guitare acoustique les motifs du morceau « Oriente »sont joués avec une belle technique et une belle intention.
Il est très intéressant d’écouter Gilberto jouer avec Jorge Ben dans un album de 1975 « Gil e Jorge: Ogum’Xango ». On entend le Blues, les notes brutes de la guitare en introduction pour un morceau intitulé « Taj Mahal ».
Quand le refrain arrive, je reconnais cette mélodie chaleureuse et festive. Les notes de guitare au débit effréné font monter l’ambiance. Le morceau « Meu Glorioso Sao » qui introduit ce disque dure huit minutes. Les voix s’assemblent sur cette jolie mélodie, soutenue par des parties de guitare au groove contenu.
Cet artiste a métissé la musique Brésilienne au Blues à la Pop à la Soul.
« Refazenda » est un disque empreint de ces accents Folk et Pop.
« Es e Pra Tocar No Radio » est un morceau très syncopé comme s’ il s’agissait d’un morceau de Jazz Funk.
Gilberto enregistre en 1976 « Doces Barbaros » avec Caetano Veloso Maria Bethania et Gal Costa. Cet album live a un retentissement énorme dans la musique Brésilienne. Ecoutez « Os Mais Doces Barbaros » cette ambiance de Carnaval festive et enflammée. La musique de la guitare, de la basse et de la batterie est explosive. Sur « Fe Cega, Faca Amolda », la guitare, la basse et la batterie sont un feu d’artifices d’autant que les voix sont frénétiques.
La ballade « Atiraste Uma Pedra » vous plaira à coup sûr tant la mélodie enveloppe. On y entend le saxophone jouer des notes romantiques.
La musique de ce groupe vocal puise dans la musique Rock.
Avec des guitares psychédéliques, le morceau « Chuck Berry Fields Forever » est bien entendu un hommage au célèbre guitariste de Rock Blues. Les instruments tiennent le cap pour un rock endiablé alors que la mélodie est assez amusante.
Cet album est assez représentatif de ce qu’est la musique de Gilberto Gil, un métissage entre plusieurs styles. Lors de ce concert, on entend de jolis arpèges qui donnent des indications sur les qualités des guitaristes, si vous écoutez « Eu E Ela Estavamos Ali Enconstados No Parede ».
Dans ce live, on entend beaucoup de choses différentes des rythmes brésiliens mais aussi un peu des couleurs Country, comme le jouent les claviers électriques et les slides de guitare sur « Esoterico ».
La voix sensuelle de Gal Costa est d’abord accompagnée d’arpèges de guitare sèche, puis vient la rythmique basse batterie et la guitare électrique.
Les quatre voix s’assemblent à merveille pour le morceau « O Seu Amor ».
« Quando » est assez énergique, on y entend la rythmique dynamique ainsi que des motifs de guitare électrique.
La musique de ces quatre chanteurs est pleine d’entrain. Le groupe accompagne avec groove les belles harmonies vocales. « Sao Joao, Xango Menino » est une chanson au rythme binaire puissant.
L’énergie incroyable surprend de morceau en morceau, le chant à plusieurs est lui magnifique. Ecoutez « Nos, Por Exemplo », un morceau explosif qui commence par une rythmique Funky endiablée et des accents Bluesy de guitare.
En 1977, il publie le magnifique album « Refavela » aux mélodies servies par des arrangements épurés et élégants.
L’introduction du morceau « Aqui e Agora » se fait par de superbes accords sensuels qui accompagnent cette mélodie très douce. La rythmique joue tout en retenue et sublime le thème tendre et poétique que les cordes viennent embellir.
Le rythme est Reggae sur le morceau suivant intitulé « No Norte De Saudade ».
Le groove est brûlant au cours du morceau « Baba Alapala » et envoie de bonnes ondes sur « Balafon ».
Parlons aussi du disque « Realce » qui commence par ce titre aux élans Disco Funk. Le second morceau « Sarara Miolo », est cool sur un rythme binaire ternaire.
La cocotte de guitare et le rythme de batterie sont à la fois cool et haletants.
Au milieu de ce disque on entend une rythmique bossa classique pour une chanson intitulée « Rebento », où guitare percussion et voix sont en toute intimité. « Toda Menina Baiana » est un titre très connu de cet artiste sans cloison. Des cordes, une guitare acoustique sur “Nao Chore Mais » une reprise de « No Woman No Cry ».

En 1981, il chante de nouveau avec Caetano Veloso, Gal Costa et Maria Bethania. Là encore les voix se marient à merveille et nous hypnotisent.
Le chanteur aura inclu dans sa musique de nombreuses influences et styles.
En 1981, lorsqu’il sort « Luar », on entend les sonorités groove du Funk et du Disco. « Palco » est une chanson emblématique très dansante Les ambiances sont Funky, la musique me fait penser à Al Jarreau tant les arrangements sont proches.
On entend des sonorités disco sur « Cara cara », dont le groove est complètement explosif.
Ce côté festif est flagrant sur « Axe Baba » et le romantisme s’entend sur « Flora » une belle chanson aux accords de guitare acoustique.
Le saxophone et les claviers sur « Se Eu Quiser Falar Com Deus » donnent aussi l’ambiance romantique.
Très rythmée, la « Marcha Da Tietagem » a des allures de carnaval.
Les parades du synthé, les roulements de la batterie sont presque hystériques. La chanson « Coracoes a Mil » conclut le disque dans un climat Smooth.
Les ambiances sonores de Gilberto ne sont jamais les mêmes. Le rythme reggae par lequel démarre le disque « Extra » est très dansant amène au déhanchement. Les percussions sont électriques, le groove est toujours présent selon les morceaux. La mélodie de « Mar de Copacabana » est emplie de douceur. Le clavier électrique joue de jolis accords.
Quelle douceur et quel romantisme lorsqu’on écoute « A linha e o linho » et ces notes sensuelles de saxophone. Plus péchu est le titre « Preciso de Voce »
On a là aussi des rythmes groove des syncopes Funk qui nous évoquent Al Jarreau sur « Funk se quem puder ».
Le chanteur Brésilien est un éclectique dans l’âme. Il est sans frontières musicales pouvant naviguer du Rock au Funk en restant sur des rythmes Brésiliens. Le rythme est sautillant sur « Dono Do Pedaçao » tandis qu’il est langoureux sur « Lady Neyde ».
Le soprano très doux introduit le thème « O Veado » une mélodie qui nous enlace et qui nous emmène vers un horizon de douceur.

En 1987, il publiera « Soy Loco Por Ti America ». Jamais à court d’idées, les arrangements de sa musique sont à eux seuls un univers infini.
L’introduction de guitare fulgurante est ponctuée d’une section cuivres qui rentre dans le vif du sujet, le groove étant au rendez vous encore une fois. Les rythmes sont lumineux comme on l’entend sur « Vida » avec un soprano lumineux.
« Mama » est sur un rythme Reggae.
Les rythmes sont nombreux les syncopes du Brésil le groove du Funk.
Les cocottes sont brûlantes sur le morceau « Baba Alapala » , le rythme très sensuel du titre « Jubiaba ».
La reverb pour les voix et le rythme samba des percussions et de la guitare, nous font voyager vers l’océan à l’image du titre « Mar de Copacabana ».
La chanson « Mardi Dix Mars » est servie par un texte très joli chanté en Français sur une musique quelque peu Reggae.
Les arrangements sont toujours bien écrits, bien placés afin d’obtenir un florilège sonore. Écoutez la chanson « Quarto Mundo » et ses motifs lancinants.
La chanson « Lindinalva » est écrite sur un arpège de guitare électrique assez calme et apaisant.
En fin de disque, le chanteur a composé deux instrumentaux « Samba de Roda ». L’harmonica,
la percussion et la guitare créent un mélange sonore joyeux.
Le morceau final est une séquence de plus de vingt minutes au cours de laquelle des explorations sonores sont réalisées. Les claviers envoient des salves sonores et rythmées. Gilberto tente des expériences sonores comme celle à partir de la seizième minute qui évoque gravité et profondeur.
En 1994, Gil et Caetano Veloso se réunissent à nouveau pour le disque intitulé « Tropicalia 2 ». Le premier morceau « Haiti » est basé sur une boîte à rythmes.
« Cinéma Novo » est une chanson sur fond de Bossa. Au cours du titre « Nossa Gente », on entend la section de cuivres envoyer des riffs.
De la chaleur et du groove se dégagent du riff de guitare sèche.
Les deux compères jouent un répertoire au carrefour entre Folk et rythmes de leur Brésil natal.
En 2001, sort « As Cancoes de Eu Tu Eles », un très beau disque sur la base de rythmes traditionnels et un retour à l’acoustique en compagnie de l’accordéon et la percussion. Cet album réalisé sous le signe du soleil vous fera danser. Tendres sont les chants de ce disque.
En 2006, l’artiste Brésilien sort « Luminoso ». La guitare de ses arpèges et de ses voicings soyeux accompagnent la voix de Gil. Sur ce très beau disque Gilberto reprend « Aqui e Agora » qu’il réarrange pour la guitare acoustique. Au fil des accords et des renversements on est une nouvelle fois séduits par cette mélodie. Cet album a plus une tourne acoustique, la guitare sèche règne sur ces thèmes apaisants.
La même année il sort un disque avec un autre grand de la chanson brésilienne Milton Nascimiento « Gil And Milton ». On notera la reprise de « Ponta de Areira ». On écoutera le morceau « Something » aux rythmes Reggae, les cordes majestueuses sur le thème « Maria » qui est une jolie Bossa.
Vous pouvez danser sur « Lar Hospitalar » un morceau jovial et amusant.
Les cordes reviennent pour un morceau lyrique « Yo Vengo a Ofrecer Mi Corazon ». Bien arrangé avec des arrangements pour cordes, « Dora » est une jolie mélodie où l’on entend l’accordéon. Plus groove et blues est le morceau « Xica da Silva ».
Entraînante aussi est la chanson « Cançao Do Sal », au cours duquel on entend des contrechants des cordes soyeux.
Enfin pour conclure ce joli disque, un air des plus chaleureux « Baiao Da Garoa » une mélodie doublée à la flûte.
La conception de la musique de Gilberto Gil est sans cloison, sans limite. Influencé par de nombreux styles, Gilberto explore sans cesse depuis cinquante ans des voies sonores nouvelles. Des rythmes brésiliens de la pop du Funk pour des chansons qui sont souvent mélodieuses. J’ai essayé de vous présenter en quelques albums, toutes les facettes de la musique de cet artiste qui a pris bien des chemins différents tout au long de sa carrière.

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D’autres musiciens poursuivent la voie du Jazz Be-Bop et Latin comme le pianiste Chucho Valdes Chucho Valdés Oficial et le saxophoniste Paquito D’Rivera au sein d’ Irakere incontournable formation du Jazz latin.

La sonorité métallique de l’alto est fascinante sur ce morceau « Chekere Con Son ».

Entre rythmes cubains brûlants et fluidité Be-Bop, ce morceau illustre le Latin Jazz.

Le clavier électrique apporte un côté Jazz Rock comme on peut aussi l’entendre sur le morceau « Adagio ». L’ambiance est au Soul Jazz agrémenté de rythmes latinos dans la quelle le soprano avec un son de rêver lance des phrases Bluesy. On entend les nappes d clavier aux accents classiques virer à un’ rythme binaire soul. Très énergique, la mélodie vous donne du tonus.

Il est assez difficile de débusquer les albums de cette formation mais sur le site You Tube un live de 1979 au cours duquel les cuivres et les percussions livrent une véritable tornade rythmique et sonore.

Paquito D Rivera et Carlos Avenhoff sont aux saxophones, Jorge Varona et Arturo Sandoval Arturo Sandoval Music aux trompettes. À la contrebasse c’est Carlos Del Puerto et à la guitare Carlos Emilio Morales . Oscar Valdez @Jorge « El Nino » Alfonso, Armando Cuervo, sans oublier Chucho Valdez aux compositions et au piano.

Irakere c’est un ensemble détonnant composé de grands solistes.

Le disque démarre par des salves de percussion qui nous plongent dans l’ambiance.

Sur ces solos de percussions, vient s’installer la basse très tonique de laquelle se dégage le groove. L’intensité des percussions monte au fur et à mesure jusqu’à ce que s’installe la basse électrique en jouant une ligne très tonique. Les cuivres lancent des motifs explosifs à partir de cette rythmique solide. On entend un florilège de sonorités aux trompettes aux saxophones. Sur un tempo soutenu, les cuivres ponctuent la ligne de motifs étincelants notamment jouent un stop chorus sur quatre mesures entre 5’40 et 5’47.

La seconde plage démarre dans la même ambiance, une ligne qui groove, une trompette qui joue dans les aigus et qui se trouve prise dans un tourbillon de nappes électriques. Toujours dans cette effervescence on entend l’alto de Paquito d Rivera aller à toute vitesse.

La présentation du groupe est faite dans un groove tenu par la basse, la guitare et le clavier électrique.

L’adagio en troisième plage est arrangé en 6/8 dans un style Soul Jazz à l’ambiance très heureuse. La flûte introduit ce morceau.

La pièce « Misa Negra » composée par Chucho Valdes est structurée en trois mouvements. Des cuivres se dégage une grande solennité, comme si elle était une marche sombre.

Le clavier Rhodes s’immisce sur une ligne de basse brûlante, puis l’alto joue le thème d’une grande sensualité. La mélodie a des accents blues magnifiques. En fond, on entend les cuivres installer des montées chromatiques pendant que l’alto s’envole.

Chucho joue un solo de piano acoustique au cours duquel, les notes pleuvent en cascades ainsi que les accords sont joués avec puissance.

Aux alentours de 27’21, le pianiste joue une séquence en voicings puissante sur le plan émotionnel. La virtuosité combinée au lyrisme donnent lieu à un moment grandiose.

Les arpèges rutilants nous tiennent en haleine jusqu’à l’entrée des cuivres.

Le guitariste Carlos Emilio Morales électrise l’auditoire avant que les cuivres ne reviennent dans la danse. Les percussions restent à la fin pour accompagner les voix. Les instrumentistes mettent le feu en fin de morceau.

Le thème final « Aguanile » est un paroxysme de la musique Cubaine où percussions basse électrique créent un souffle énorme. Le climat est très Soul, les cocottes de guitare, les riffs de cuivres, tout est énorme.

Les trompettes et saxophones envoient tout valser tant l’énergie est au sommet. Le groupe joue Soul Funk au début et la fièvre se décline en rythme Cubano.

Le saxophone ténor envoie une puissance terrible comme la trompette qui monte dans les aigus.

Le groupe Irakere c’est une énergie de rythmes et de solos exceptionnelle.