Sur la route du Jazz

Be-Bop

BUCK CLAYTON

Wilbur Dorsey « Buck » Clayton n’était pas un trompettiste de Be-Bop mais a posé lui aussi des jalons qui ont débouché sur ce courant.
Au fil de la discographie riche de vingt sessions ou albums, on part à la rencontre de ce musicien né en 1911.
Son influence principale est “Satchmo” Louis Armstrong qu’il eut la chance de rencontrer.
Au début de carrière, Buck Clayton fera partie brièvement du Big Band de Duke Ellington. Count Basie fera appel à lui pour remplacer Hot Lips Page.
Buck travaillera aussi avec Lester Young et Billie Holiday.
Ses lignes de notes discrètes étaient un joli contrechant à ce que chantait Billie.
La trompette de Buck et le sax du “Pres” communient par leur approche délicate des lignes mélodiques.
De façon générale, le trompettiste joue des lignes simples mais au swing chaleureux comme souvent ces musiciens de cette époque. Le swing est là, mais le langage lui n’est pas encore chromatique. On est dans le Jazz Swing le plus total.
Ce qu’on entend de suite est le son fin et feutré qu’il avait à la trompette.
Buck Clayton And Friends s’annonce dans la même direction. Le batteur est d’une souplesse absolue, le crépitement en est la preuve.
Lors de session enregistrée à Paris les tempos sont cool, les musiciens jouent avec plaisir les thèmes et les impros.
Son premier album “How The Hi-Fi ’est un feu d’artifices de swing en compagnie du clarinettiste Woody Herman. En petite formation ou Big Band la musique est toujours vive et entraînante.
Les arrangements sur “The Hucklebuck And The Robbin’s Nest” s’inscrivent dans l’ère du mainstream Jazz sur lequel les gens dansaient. Les harmonies des cuivres et des bois s’inscrivent dans l’esthétique Benny Goodman et Glenn Miller.
“Robbin’s Nest” de Sir Charles Thompson est un moment raffiné de swing agrémentée de Blues, telle était la vision de Buck.
Viendra ensuite un hommage aux contemporains à Benny Goodman “Buck Clayton Jams Benny Goodman”. Le discours des musiciens séduit par des croches qui dansent, les notes en diatonique sont des jolies mélodies et les respirations sont nombreuses.
Le trompettiste enregistrera “Jumpin at The Woodside”. Au cours de “Rock A Bye Basie” on entend les voiles sonores extrêmement fins et doux. Les solistes sont attirés par l’espace, l’esthétique d’un discours aéré. Le morceau éponyme est une séquence très intense du point de vue du Swing et de la puissance sonore.
La configuration orchestrale est un Big Band dans lequel on y trouve entre autres les trombones Urbi Green, Benny Green, Henderson Chambers, les trompettistes Joe Newman, Lem Davis à l’alto, Coleman Hawkins et Buddy Tâte au ténor. On trouve ces musiciens sur la session ” All The Cats Join In” de 1956.
La sonorité feutrée en faisait son empreinte caractéristique, une fluidité des phrases des articulations.
L’état d’esprit de la musique de Buck était comme une Jam Session, un Jazz festif basé sur les standards, ceux du New Orleans des Blues ou provenant de comédies musicales.
Buck enregistrera des sessions avec d’autres trompettistes Ruby Braff et Harry Sweets Edison
Les notes rebondissent sur la cymbale et les lignes de basse.
En compagnie du saxophoniste Buddy Tate, “Buck and Buddy BlowThe Blues” le trompettiste danse sur une rythmique euphorique. Écoutez le son rond et suave de la clarinette.
Toujours en compagnie de grands jazzmen, notamment de Coleman Hawkins, Buck joue sur “The High And Mighty Hawk”. La version de “My One And Only Love” est juste exceptionnelle quand on écoute le sax suave et rond. C’est sur “Vignette” que la trompette est mise en avant. Le question réponse entre sax et trompette sur “Oh Wee Miss G.P”.
Le trompettiste s’insère avec discrétion entre les lignes du saxophone. Le thème “Get Set” donne lieu à un joli dialogue puis à un solo où les phrases de trompette ne sont que joie et euphorie.
Buck Clayton était un contemporain d’autres trompettistes comme Roy Eldridge ou Bill Coleman. Ses lignes et ses phrases étaient claires et mélodieuses. Il était une figure importante de ce que les connaisseurs dénommaient le Mainstream. Des années 50 jusqu’à la fin, le trompettiste restera dans son style en maintenant la pulse du swing.
Dans les années 70, il réalisa quelques albums toujours empreints d’un classicisme élégant dont un live à Copenhague au cours duquel le trompettiste déroule un répertoire de standards insufflant l’enthousiasme.

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OSCAR PETERSON/ LE VIRTUOSE DU PIANO

Parlons de l’un des colosses du piano au sens propre comme au sens figuré. Le canadien Oscar Peterson est l’un des plus grands virtuoses du piano Jazz. Dans la lignée d’Art Tatum et de son contemporain Bud Powell, il impressionne par sa technique. D’une fluidité incomparable, il peut jouer un très grand nombre de standards. Grand interprète des classiques il jouait des morceaux de l’ère swing et Be-Bop. Le nombre d’artistes avec qui il joua est époustouflant. De Louis Armstrong à Stan Getz, il accompagna aussi Ben Webster, Coleman Hawkins, Lester Young. Le pianiste sera produit par Norman Granz du label Verve. Il réalisera des sessions en hommage aux grands compositeurs tels Harold Arlen, Cole Porter, Duke Ellington. Parmi les albums célèbres dont il fut leader, on peut parler de « Night Train » de 1963 et « We Get Requests » enregistré en 1964. Tous deux sont enregistrés en compagnie de Ray Brown et Ed Thigpen. « Night Train » est un Blues très simple où le trio swingue à souhait sur un tempo très tranquille. Le jeu d’Oscar baigne dans le Blues mélangé avec des chromatismes absolument croustillants. Les balais crépitent sur « C Jam Blues », le piano s’envole sur le solo ponctué d’arrêts de la rythmique. Les trémolos en introduction de « Georgia On My Mind » montrent l’esprit Bluesy du pianiste. Sur le morceau « Honey Dripper » au tempo plus rapide, on entend les échappées dans le Swing du pianiste. Le dernier morceau « Hymn To Freedom » composition originale est une jolie mélodie aux intonations Gospel. Sur « We Get Requests », deux mélodies reprises sont d’Antonio Carlos Jobim, au cours desquels le pianiste s’en donne à cœur joie sur les accents Blues. Le thème « My One And Only Love » joué avec beaucoup de douceur laisse également entendre l’esprit du Blues. Un autre grand moment dans la discographie du pianiste est cette composition « Nigerian Marketplace ». Cette introduction de contrebasse lyrique et sensuelle fait planer un sentiment de nostalgie. Après une exposition de la mélodie par la contrebasse telle un chat, le pianiste développe des phrases aux flots de notes intenses. Le jeu d’Oscar Peterson est très complet à tous les niveaux, sur les voicings, sur les improvisations en single notes ainsi qu’une maîtrise de la mise en place à couper le souffle. Je vous laisse en compagnie de ce morceau joué en 1987 à Tokyo, en compagnie d’un invité prestigieux Joe Pass. L’un et l’autre ont un sens des phrases et du groove sur ce rythme binaire qui est sensationnel. Oscar Peterson influenca de grands pianistes tels Herbie Hancock, Kenny Barron ou Monty Alexander. Pour résumer ces quelques mots, on retient une vie dédiée au Swing, dans une euphorie constante de célébrer les grands compositeurs et leurs morceaux!