Sur la route du Jazz

TITO PUENTE OU L’ART DE LA TIMBALE

Dans une vidéo célèbre de 1984, l’acteur Izzy Sanabria donne une définition de la Salsa en présentant chacun des instruments qui sont sur la scène.
Le conga, le bongo, la timbale, telles sont les percussions présentées pendant deux minutes de show.
A évoquer la timbale, parlons de Tito Puente grande figure de la musique latine que l’on surnommait « El Rey del Timbale », percussion très répandue dans la musique Sud Americaine.
La découverte de cet artiste se fait par « Mambo Diablo » en 1985 où les arrangements de cuivres et les rythmes latins donnent une nouvelle vie aux standards. L’oeuvre discographique est impressionnante, près de 100 albums au compteur depuis 1950.
La souplesse rythmique de ce percussionniste est notable, lorsque vous écoutez « Tito On Timbales » de 1956. Le disque est uniquement composé de parties de percussions.
La même année, Tito enregistrera « Cha Cha Cha’s For Lovers », un répertoire de morceaux à l’ambiance enjouée et porteuse de bonnes ondes.
Les rythmes ne sont pas encore très complexes mais la superposition des percussions provoque les déhanchés. On entend une noire suivie de deux croches et la cellule tourne en boucle.
Le tempo un peu plus rapide de « Bailando Con Cha Cha Cha » est ponctué de cuivres qui jouent des croches puissantes. Les cuivres rebondissent à souhait sur les tournes rythmiques. Les sax jouent dans le registre des graves tandis que les trompettes s’envolent.
Sur « Goza Mi Cha Cha Cha », la tourne du piano accompagnée seulement d’une accentuation du second et quatrième temps introduit ce thème joué par la flûte.
« Mambo Caravan » la même année donne une idée assez claire de ce qu’est le Latin Jazz, des rythmes inspirant à la danse et des improvisations sur des rythmes endiablés. Tito et son orchestre reprennent des standards de Jazz en y ajoutant la sauce latine. La section de cuivres est toujours de haut niveau. « Caravan Mambo » est un hommage au Duke et regroupe autour de Tito un autre grand percussionniste, Machito. Les syncopes nombreuses des sax et trompettes rendent le morceau plus épicé.
L’orchestre reprend « In The Mood » de Glenn Miler ce qui rend le morceau assez amusant. On entend les vents lancer un riff et les trompettes qui répondent.
L’album « Top Percussion » laisse entendre les racines Africaines du point de vue des trajectoires de la mélodie.
Le Jazzman Woody Herman invite Tito pour une session mémorable « Herman’s Heat And Puente’s Beat ». Les nappes de la section cuivres sont un ouragan.
Le percussionniste fut très vite invité par les artistes de Jazz. Woody Herman l’invitera à nouveau pour une session à laquelle participera Charlie Parker.
Les tournes sont régulières, on entend une haute précision des mises en place.
Le parcours discographique de ce grand joueur de cymbale a été truffé de rencontres comme par exemple ce qu’on entend dans l’album « Tito Puente Swings Vicente Valdes Sings ».
Le morceau « Un Cha Cha » est sur un fond d’harmonie Jazz.
Dans le disque « Pachanga Con Puente », le thème d’ouverture « A Bailar Pachanga » se joue dans un climat d’euphorie.
L’euphorie continue sur le disque « Panchanga In New York ». Les florilèges des nappes de cuivres sur fond de rythmes
En 1964, Tito Puente sort un album « The Exciting Tito Puente In Hollywood ». La jonction entre la musique Sud Americaine et le Jazz s’illustre avec la reprise de thèmes comme « April In Paris ».
Les collaborations n’en finissent pas comme le travail avec Joe Cuba, Miguelito Valdes, Machito et la chanteuse Graciela en 1964.
En compagnie de la chanteuse Guadaloupe Victoria Yoli Raymond que l’on surnomme « La Lupe », l’enthousiasme et l’énergie sont de grande intensité lorsqu’on écoute « Cumba, Cumba, Cumba ».
Dans les années 70, le maître des timbales réalise deux albums avec une autre grande chanteuse, Celia Cruz. Les arrangements de cuivres toujours précis et fulgurants donnent du relief à la partie chantée. Le titre « Palmeras Palmeras » sonne presque un peu Funky Soul. En compagnie de cette chanteuse, le dynamisme est le maître mot qui résume bien la situation
La collaboration avec les chanteuses continue puisque Tito invite la chanteuse Cubaine Noraida avec qui il avait joué en 1965.
Le parcours de Tito Puente sera exceptionnel pour ce qui est des rencontres. Peu avant de mourir, il jouera avec le pianiste@Eddie Palmieri. Le disque « Masterpiece Obra Maestra » signe une rencontre au sommet où tournes de piano, tournes de percussions et riffs de cuivres sont une alchimie. Les rythmes brûlants ensorcèlent envoûtent. Sur un morceau comme « Ensename Tu
Piensalo Bien », la sensualité vient de la voix et des cuivres. Les placements de cuivres sur « Paris Mambo » est d’une précision et subtilité extrêmes.
Sans doute « Mambo Diablo » que nous évoquions en introduction est peut être le plus grand album avec comme invité prestigieux le grand George Shearing.
La reprise de « Take Five » combine des arrangements de la section cuivres et des placements précis des percussions.
L’orchestre reprend « Lush Life » qui démarre doucement puis qui gagne en intensité. Les rythmes chaleureux et entraînants se poursuivent comme c’est le cas avec « Pick Yourself Up ».
Si l’introduction de « Lullaby Of Birdland » est très intéressante, le développement l’est tout autant. Le pianiste montre une maîtrise des harmonies.
Doux et tendre est le morceau « No Pienses Asi », un thème que le sax caresse et que les percussions enveloppe.
La mélodie de « China » est très inspirante pour la flûte qui joue dessus à hauts débits.
En guise de clôture, le percussionniste et son orchestre présentent une très belle interprétation d’un thème du grand trompettiste Woody Shaw « Eastern Joy Dance », une mélodie Hard Bop que les cuivres viennent magnifier par une harmonisation puissante et majestueuse. Le soprano s’envole le piano accentue des voicings à la McCoy Tyner.
Tito Puente restera comme un grand percussionniste de la musique Sud Américaine au même titre que @Machito ou « Ray Barretto ». Ce maitre de la timbale jouait aussi du saxophone mais du vibraphone. Sa musque reste synonyme de joie et d’esprit festif. Aux interventions rythmiques s’ajoutent de très jolies mélodies qui font de cet artiste un géant de la musique Salsa.

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