Ce batteur avait le swing innovant. Sa façon de jouer assez moderne fut appréciée des musiciens avant gardistes.
Il n’a pas encore vingt ans que Pete La Roca est repéré par un monstre du Be-Bop, Max Roach lors d’une Jam au Birdland. Celui-ci le recommande à Sonny Rollins qui le fait jouer sur deux titres lors du Live au Village Vanguard de 1957.
Son disque de 1965 intitulé « Basra » regroupe autour de lui Steve Kuhn Joe Henderson et Steve Swallow qui jouait encore de la contrebasse.
Les accents orientaux se dégagent sur le premier morceau « Malaguena » construit sur une séquence proche du Famenco.
Pendant près de 9 minutes le piano tient cette tourne sur deux accords. La frappe intense du batteur ne faiblit jamais.
Si le saxophone de Joe Henderson est explosif le batteur est comme un soliste à part entière tant sa frappe est présente.
Le pianiste Steve Kuhn mêle accords plaqués avec force et arpèges en trémolo.
La nervosité de l’attaque des touches se rapproche de celle de McCoy Tyner.
Ce morceau introductif ne se termine que parce qu’il y a un fondu sonore où l’on entend cet éloignement du quartet.
Le quartet vous propose en seconde plage un Blues intitulé « Candu » un theme Soul Jazz où le jeu est subtil.
Le troisième titre « Tears Come From Heaven » est un morceau modal qui est joué à vive allure. Le drive de la batterie le jeu de charley est caractéristique de cette époque de ce jeu très énergique à la Elvin Jones.
En plus des harmonies modernes, la frappe et la conduite du rythme sont précises incisives. L’improvisation du batteur pleine de folie capte notre attention.
Le morceau éponyme « Basra » commence par la contrebasse qui lance des notes au milieu des accords mystérieux de piano.
Le saxophone lance une mélodie aux couleurs orientales que le batteur ponctue d’interventions sur ce rythme binaire.
Joe Henderson repousse les limites sonores joue des salves enflammées.
Pete La Roca dialogue avec Steve Kuhn et la contrebasse de Steve Swallow. Tout en retenue l’improvisation montre une maîtrise de la nuance de la sobriété.
Que dire sur « Lazy Afternoon » un thème qui semble signifier l’espérance la lumière.
La sonorité de Joe Henderson est si feutrée la contrebasse et le piano posent les notes avec majesté. En fond les balais ont ce son si croustillant. La trajectoire esthétique de cet album est exceptionnelle.
Le dernier morceau montre la délicatesse du Swing du batteur.
En trio, Pete La Roca est le batteur du disque « Three Waves » une session où les musiciens laissent l’empreinte de la finesse et de la subtilité. Vous pourrez écouter cette douceur du jeu aux balais sur « Ah Moore ».
Plus dynamique le troisième morceau au cours duquel le pianiste déploie ses phrases limpides soutenues par le jeu du batteur dont on entend des ressemblances avec celui de Roy Haynes. Le jeu subtil consiste à allier précision et légèreté comme si il était en suspension.
On entend l’orfèvrerie du batteur sur la ballade « Memory ». Les balais doux et soyeux sont une des signatures de ce batteur. « Why Did I Choose You » joué sur un tempo binaire de Bossa laisse entendre les différentes couleurs que le batteur peut aller chercher.
Le titre du disque est un thème médium Swing que le piano emmène ses compagnons la contrebasse et le batteur pour un swing massif compact qui débouche sur quelque chose d’intense.
Plus rapide le trio explose sur « Bits and Pieces » au cours duquel les accentuations au piano sont suivies d’accentuations du batteur.
Sur le plan du Hard Bop, Pete La Roca joue sur le premier album de Joe Henderson « Page One ». Sur « Blue Bossa » le jeu est tout en discrétion mais les interventions sont soignées et aux mêmes endroits dans la mesure.
Quelle finesse du drive à la fois sec et puissant sur « Homestretch » un morceau up swing.
Sur le thème « Jinrikisha » à l’architecture curieuse, la batterie orne les phrases de saxophone.
Autre session qui me paraît importante est le disque « Turkish Women At The Bath » de 1967 où sont présents notamment, Chick Corea mais aussi Walter Booker et John Gilmore. Sur ce titre on entend le sax lunaire et la cymbale crepitante.
Majoun est un thème sur lequel les instruments s’enflamment. Les phrases de piano assez impressionnantes sont soutenues par une batterie aussi nerveuse et dans l’interaction.
Ce grand musicien abandonnera la musique pour devenir avocat. Il publiera à nouveau un album en 1997 « Swingtime ».
On y entend un swing intact et un tempo qui chauffe selon les morceaux comme « Drum Town » et « Nihon Bashi » où le batteur colore les solos de frappes puissantes.
Sur le titre Amanda’s Song on y entend une maîtrise du tempo des variations dans le jeu.
Pete La Roca est associé à ce Jazz avant-gardiste aux limites du Free et du Hard Bop.
Le toucher de ce batteur en fait un grand esthète à la fois technicien et orfèvre.