La pianiste Patrice Rushen joue aussi bien la Funk Disco que le Jazz.
Dotée d’une technique exceptionnelle elle est surtout connue pour son titre « Forget Me Nots » de 1982, que Will Smith reprendra dans « Men In Black ».
Pouvant jouer tous les styles Patrice Rushen impressionne par sa maturité. Elle n’a pas vingt ans quand elle enregistre son premier album « Prelusion ».
L’ouverture du disque est un morceau dont l’architecture est complexe. « Shortie’s Portion » démarre par un motif de huit mesures sur un tempo rapide, suivi de métriques impaires, auxquelles se rajoute une séquence en rythme binaire.
La pianiste s’élance dans un solo de plus de deux minutes où les phrases du début à la fin ne relâchent jamais en intensité. De notes en notes, le piano est poussé par une rythmique qui tourne comme un train élancé.
Le saxophoniste Joe Henderson sort des phrases et des motifs explosifs. Plus aérien, le trompettiste Oscar Brashear démontre une belle technique et une sonorité.
Sur « 7/73 » le trombone et la flûte sont mis en avant. Le décor sonore amené par la percussion et le clavier électrique au début du disque, est plein de mystères et d’inconnus.
Le voile crée par la flûte, le saxophone, la trompette et le trombone est enlaçant.
On entend déjà dans ce disque l’attirance pour le Jazz Funk de l’époque dès la troisième plage « Haw Right Now ». Sur une ligne de basse et de batterie très Funky, les cuivres exposent leurs riffs qui vous donnent la pêche. Les accords du clavier électrique insuflent une énergie aux solistes notamment à Joe Henderson qui bouillonne.
Les phrases du Fender Rhodes renferment de nombreux motifs Bluesy.
Avec sa composition « Traverse », la pianiste joue avec un toucher discret, mais aux phrases élégantes et swinguantes. Stanley Clarke à la sonorité ronde et solide joue un solo mélodieux. Les phrases de la pianiste au cours de la seconde improvisation ont un style plus percussif et entraînent la rythmique dans un ouragan.
L’album suivant « Before The Dawn » est tourné plus vers la Soul et le R n’B.
Les cocottes de guitare de Lee Ritenour et la basse alimentent le groove.
Ça groove encore et toujours avec le morceau « What’s The Story ».
Le tempo est repoussé les instruments s’ enflamment sur « Jubilation ». Le clavier la flûte sont en ébullition.
Le titre éponyme est une invitation au rêve par des nappes de cuivres lisses et un Fender Rhodes hypnotique.
Enfin « Razzia » emporte tout sur son passage. Lee Ritenour montre sa technique et sa vélocité à toute épreuve.
En 1976, elle est aux côtés du trompettiste Eddie Henderson pour l’album « Heritage ».
Sensuel est le groove du premier morceau aux arrangements électriques qui laissent entendre le clavier, la guitare et même la trompette dont la reverb est élevée.
Le clavier est lunaire au moment de l’introduction « Time And Space » comme sur « Nostalgia ».
Le solo de Fender Rhodes est renversant sur « Dr Mganga ».
La même année, elle joue avec Donald Byrd sur l’album « Caricatures ». Le projet s’inscrit dans le Jazz teinté de Soul.
« Shout It Out » le troisième album est un projet bien Funky. « Stepping Out » tourne autour d’une ligne de basse une cocotte de guitare. Par dessus, la ligne mélodique est jouée aux moogs de clavier agrémentés de voiles de cuivres. Le solo de clavier électrique glisse est limpide.
La pianiste a aussi une voix certes pas puissante mais aiguë et intéressante.
Le groove est brûlant au cours de « Roll With The Punches » quand les claviers s’enfuient et que les cuivres sont comme des feux d’artifice. La basse slappe à fond et la batterie a le punch.
Le disque se termine par un morceau qui donne une énergie qui exprime l’épopée le grandiose.
Le Smooth semble être le sillon de la pianiste. En 1978 sort « Patrice ».
Les morceaux sont tous chantés, d’ailleurs la chanson « Wishful Thinking » est très douce très planante. Le clavier et la guitare acoustique sont très apaisants.
Plus Disco le titre « Let’s Sing A Song Of Love » et Funk le titre « Hang It Up ».
« Pizzazz » en 1979 est de la bonne Soul Funk aux accents de Disco.
La pianiste publie en 1980 l’album « Posh » qui commence par « Never Gonna Give You Up », une chanson aux cocottes de guitare à la basse chaude et aux Hand Claps qui groovent.
En 1982, comme il était dit en introduction c’est la consécration avec le single « Forget Me Nots » figurant sur « Straight From The Heart »
Boîtes à rythmes synthés l’artiste continue son aventure entre Soul Funk et Disco avec le disque « Now ».
En 2001, elle enregistrera un album de Jazz acoustique accompagné de Stanley Clarke et Leon « Ndugu » Chancler.
C’est l’occasion de rappeler à ceux qui l’auraient oublié qu’elle est une très grande pianiste.
Avec ses compagnons elle reprend « Lover Man » « Oleo » ou encore « Take Five ».
Ce dernier signé Dave Brubeck est arrangé avec des accords plus lyriques, comme si le trio voulait donnait plus de gravité à ce thème. Du solo de piano se dégage une belle émotion. Patrice Rushen a beaucoup d’idées sur le plan mélodique.
« Salt Peanuts » de Dizzy rappelle à quel point elle est une technicienne et une musicienne qui à la base intègra le Be-Bop
Les articulations sont époustouflantes tant les phrases sont fuides et variées.
Elle sortira un autre album en trio, intitulé « Piano Bass And Drums »
Cette pianiste Américaine est une caméléon autant à l’aise dans le Jazz que dans la Soul la Funk. Sa trajectoire son approche et son style la rapprochent d’un grand maître comme Herbie Hancock.
En plus de la technique, elle maîtrise les moogs, les différents réglages et démontre tout son éclectisme musical.