Dans l’histoire du Jazz, il arrive souvent que cette musique se raconte en famille. Je pense aux frères Heath, Jimmy, Albert et Percy ou encore à la fratrie Jones, Hank, Thad et Elvin. Les frères Adderley, Julian « Cannonball » le saxophoniste alto et Nat le trompettiste, dirigèrent un quintet de haute volée. Quelques années plus tard, les frères Brecker qui commencèrent leurs carrières chez Horace Silver se lancèrent dans l’aventure du Jazz Fusion en mettant sur pied les « Brecker Brothers ». Leur premier album « The Brecker Bros » de 1975 sonne comme une déflagration dans le Jazz électrique. Le morceau d’ouverture « Some Skunk Funk » parle de lui-même, un thème au groove endiablé, au cours duquel le saxophoniste Mike et le trompettiste Randy sont d’une précision hors du commun. Les syncopes sont nombreuses, la guitare lance une cocotte avec un effet Wah Wah. Les flots de notes dans un style Bop Funk, renversent tout sur leur passage. La trompette avec la reverb va chercher des aigus tandis que le saxophone en mode groove et sa sonorité métallique proche de la rupture, emprunte des chemins bluesy. L’angoisse et la tension se font sentir sur le morceau « Sponge ». Le climat sonore est psychédélique. L’influence des groupes Soul Disco comme Earth Wind And Fire est importante. Le morceau s’articule autour de riffs qui se jouent en boucle. « A Creature of Many Faces » est un thème entraînant à l’esthétique plus proche du rock que le groove. Sur cette mélodie loufoque, les nappes de synthétiseur de Don Grolnick apportent un peu de folie et la guitare lance des salves blues rock. Randy Brecker prend son envol avec des dédoublements limpides. « Twilight » thème trouble nous enlace pour nous emmener vers des rythmes binaires proches de la Samba. Le premier mouvement de la mélodie est plutôt lyrique alors que la suite est plus entraînante. Le groove reprend ses droits avec le morceau suivant « Sneakin’ Up Behind You ». Avec des riffs de cuivres qui vous feront bouger, on entend Randy Brecker et le bassiste Will Lee chanter à des moments avec un vocoder. Les riffs piqués et syncopes sont un vrai régal. Le Funk de la rythmique de « Rocks » soutient un thème rugissant dans un style Bop. David Sanborn rentre en duel avec Mike Brecker pour notre plus grand plaisir. Apaisement, calme, méditation sur « Levitate ». La trompette très Blues exprime la nostalgie. Le morceau « Oh My Stars » est chanté à la Michael Franks. Avec cette voix suave, le sax alto de Sanborn s’invite avec sensualité. Enfin la composition D.D.B est explosive avec des motifs ciselés précis et rapides, sur lesquels la percussion de Ralph McDonald accentue le groove. En 1975, année d’enregistrement de cet opus, Miles Davis quittera la scène pour six années. Le Jazz Fusion est incarné par ses poulains, Herbie Hancock, Wayne Shorter, Joe Zawinul, Chick Corea, John Mclaughlin. Avec ce premier album, les frères Brecker rentrent dans le paysage Fusion et deviennent eux aussi des incontournables du Jazz électrique !
LE GROOVE DE BETTY DAVIS
La discographie de Betty Davis est mince, mais son retentissement fut grand. Betty Davis réalisa quatre albums de Soul Funk entre 1973 et 1976.Dans cette