Ce batteur Américain fut révélé à la fin des années 60, en jouant avec des grands groupes du Jazz électrique comme celui de Miles Davis puis quelque temps après, avec Chick Corea, dans la formation « Return To Forever »
Au cours de cette chronique, on mettra en lumière les albums de Lenny White en leader, mais on évoquera aussi les sessions historiques auxquelles il participa.
Frappe puissante, énergie exploration de la Soul, de la Funk et du Rock : telle est la définition du batteur de son style de ses influences de ce batteur excellent rythmicien et prolifique compositeur de l’ère Jazz Funk.
En 1975, il publie « Venusian Summer » qui commence par « Chicken Fried Steak », une composition tournant autour d’une ligne de basse slapée avec un groove imperturbable.
Toujours dans cet esprit groove, le morceau « Away Go Troubles Down The Rain » laisse la place à un solo de guitare électrisant.
Sur le titre éponyme « The Venusian Summer Suite », le son des synthétiseurs vous transporte dans un monde musical évoquant aventure et épopée.
À 4’28, les effusions de claviers montent en intensité. Si on entend également des cocottes de guitare funky, c’est le clavier qui tourbillonne en solo.
Le côté sombre et plein d’énigmes ressort du « Prélude To Rainbow Delta ».
La guitare explose tout sur son passage avec en fond une ligne de basse qui tourne comme un rouleau compresseur et une batterie, telle une mitraillette rythmique.
Sur le dernier morceau « Prince Of The Sea » les nappes de synthétiseur enrobent la trompette de Tom Harrell très feutrée. La guitare d’ Al Di Meola rugit sur ce rythme binaire Funky explosif.
Le disque « Big City » datant de 1978, commence par un feu d’artifices sonore à base de trompettes et de saxophones rugissants. La guitare est très Hendrixienne. La musique déménage littéralement et pourrait tout à fait aller dans un film policier des années 70 de la mouvance Black Exploitation. La Funk plus sensuelle fait son apparition à 1’41 de la fin. Le clavier improvise sur cette séquence tournant autour de deux accords mineurs.
Le morceau incontournable est celui interprété par la chanteuse Linda Tillery « Sweet Dreamer ». La voix pure et Soul de cette artiste est soutenue par une rythmique composée par Herbie Hancock aux claviers et de Paul Jackson à la basse.
La séquence « Enchanted Pool Suite » nous emmène vers un monde sonore onirique.
La musique du batteur est poétique de ce point de vie avec une potion magique, formée par le violon et la harpe qui créent un climat fait de mystères et d’interrogations.
Le violoniste est très émouvant tout le premier mouvement et lorsque le rythme s’enflamme sur le second, le clavier de Jan Hammer part dans un solo qui provoque l’élévation.
Le morceau « And We Meet Again » combine énergie Rock par la frappe de batterie et Rythm n’Blues pour certaines séquences.
Le batteur publie ensuite »The Adventures Of Astral Pirates ».
Une fois que l’introduction lunaire et cosmique est jouée, le batteur a une frappe énorme sur le titre » Pursuit » au cours duquel s’installe une tension énorme. Du lyrisme se dégage à la fin du morceau par les voix aériennes.
Lenny White aime l’alliance des styles, il navigue entre le Jazz, le Rock, la Soul et le Funk. Sur le morceau « Mandarin Warloads » les intonations sont asiatiques et le solo de guitare tel un tourbillon. Le batteur poursuit son voyage à travers les ambiances en jouant « The Great Pyramid » aux intonations orientales.
« Universal Love » sonne comme un morceau d' »Earth Wind And Fire » sur lequel on peut se déhancher très vite. Après cette séquence très Soul Funk, un interlude « Remembering » est une phase de swing de près de 40 secondes.
« Révélation » est très poétique très apaisant, avant que les torrents de guitare de claviers et de basse électrique sur « Stew, Cabbage And Galactic » ne se déchainent avec toujours en fond cette batterie dynamique précise et toujours bien placée. Le titre du morceau suivant est « Heavy Metal Monster » et cela correspond bien au climat qu’apporte la guitare eléctrique.
« Streamline » sort en 1978 et c’est là aussi une déflagration. Les guitares sont saturées les cocottes et les riffs sont puissants comme on l’entend sur « Struttin' ».
En 1983, Lenny sort un disque très Disco Funk où figurent entre autres Marcus Miller. La reverb dans la voix donne au climat sonore quelque chose proche de la musique de Prince.
Cet album plus Smooth intitulé « Attitude » renferme des mélodies plus commerciales mais néanmoins romantiques.
« Just Say The word » démarre par un slap de Marcus Miller, et se poursuit par des cocottes de guitare joyeuses. J’aime beaucoup l’orientation de cet album.
Si Lenny White participe à de nombreuses sessions en sideman, il ne reviendra que douze ans après pour un album en leader.
Le disque « Present Tense » est très Jazz Funk. Quel groove dès le premier morceau où vous trouvez le saxophoniste Michael Brecker le guitariste aux inflexions très Rock, Dean Brown et Marcus Miller pour ses parties de basse inimitables.
La composition « Door#3 » est très Soul Jazz avec des plans Bluesy qui ne laissent pas indemnes.
« Dark » a des sonorités à la Living Colour mêlant Hip Hop Soul Rock.
Ce thème est dans l’esprit de « Tutu ». On y entend un solo de guitare à l’énergie Blues Rock tout à fait renversant.
Avec une ligne de basse en palm mute, la composition est très minimaliste autour d’une ambiance feutrée et presque méditative. Le solo de piano a beaucoup de profondeur et est signé Mulgrew Miller. La sonorité de Mike Brecker est très Bluesy sur ce rythme ternaire.
La sonorité de Marcus sur « Two weeks In Another Town » est très Pastorienne. Son solo sur la Fretless réchauffe. Michael Brecker et sa sonorité étincelante est toujours grandiose ainsi que les métamorphoses sonores rendues par le synthé de George Whitty.
Le sax est sensuel la basse aussi et la façon de jouer du batteur est tout en retenue.
Cet album renferme trois morceaux grandioses comme « Sweet Tooth » et « Wolfbane » et « Caprice »
La première composition en 6/4 de Victor Bailey est absolument grandiose.
Les phrases de John Scofield à la guitare et de Chick Corea au piano électrique, sont le sommet de ce qui fait en matière d’improvisation Jazz électrique.
« Wolfbane » écrit par Lenny White mélange le groove le swing et inclut des accents orientaux. Le guitariste et le pianiste sont exceptionnels d’inventivité mélodique et le batteur adopte un swing léger qui rebondit.
« Caprice » fut écrit par le pianiste, un thème binaire ternaire avec de nombreuses mises en place subtiles et techniques.
La trajectoire des notes les intervalles, la direction sont très empreintes de « Return To Forever », formation dont Lenny White est membre avec le grand pianiste.
En 1999, il sort un album intitulé « The Edge » où le saxophone est tenu par Benny Maupin. Du titre « No Man’s Land » se dégage beaucoup de finesse et d’émotion.
En 2010, Lenny White publie un disque qui envoie bien comme on dit dans le jargon. Avec une énergie Rock les riffs sont brûlants.
La chanson « Forever » prend aux tripes. « Dark Moon » et ses nappes de clavier sont synonymes d’évasion.
Le batteur jouera avec des grands Jazzmen comme les pianistes Michel Petrucciani et Chick Corea.Pour l’avoir vu en trio avec ce dernier et Stanley Clarke dans le cadre du disque « Forever », son jeu soutient les solistes par son énergie intrinsèque.
Lenny White est un caméléon du Jazz pouvant aussi bien assurer le Jazz acoustique que le Jazz Fusion. Il met en avant ses sidemen même si la frappe est d’une grande puissance avec des subtilités rythmiques maîtrisées. Son sens du groove est aigu et son tempo incontestable.
Ce batteur a du mal à rester sur un seul créneau stylistique. Si il aime varier les climats les styles il est prolifique au niveau de l’écriture.
Il est un artiste incontournable du Jazz Fusion, allant extraire sans cesse des éléments de Hip-Hop, de Rock et de Funk !