Il accompagna les plus grands dans les années 40 et 50 et sa carrière dura plus de 60 ans.
Sa carrière en tant qu’accompagnateur est plus importante que ses disques en leader, même si le volume discographique sous son nom est néanmoins important.
Ray Brown immense contrebassiste influença un grand nombre de confrères plus jeunes comme Ron Carter, Richard Davis ou Jimmy Garrison. Lui-même fut influencé par Jimmy Blanton, contrebassiste de Duke Ellington.
Il commença sa carrière en accompagnant le pianiste Snookum Russell qui jouait dans des clubs dans les États du Sud.
Le premier album sous son nom est « New Sounds In Modern Music » datant de 1946, mais il est difficile de l’écouter.
Après ce disque, on trouve « Two Bass Hit » de 1957. En compagnie d’un Big Band dirigé par Marty Paich, l’esprit est à la joie du Swing. Pour Ray, l’important est le son la façon de faire claquer les cordes, comme il l’expliquait dans une vidéo qu’on peut trouver sur You Tube.
Le son est très important. On entend le lyrisme dans les notes et un toucher solide.
Dans ce premier album « Two Bass Hit » dans lequel le contrebassiste reprend de nombreux standards. Le contrebassiste aime le Soul Jazz. Toujours délicat dans le toucher, Ray Brown improvise avec douceur. La contrebasse introduit « Everything I Have Is Yours » par un solo mélodieux qui se termine d’ailleurs, sur un motif que reprend immédiatement le guitariste Herb Ellis.
Sur « Will You Still Be Mine », les notes de contrebasse s’immiscent entre les motifs de cuivres.
Ray Brown joue plus tard dans le même album une séquence en solo « Solo For Unaccompanied Bass », une improvisation aux motifs mystérieux. On entend le jazzman très concentré qui bat la pulse.
L’album « This Is Ray Brown » montre l’affection du contrebassiste pour la Soul.
Sur son premier solo, Ray Brown joue avec puissance et un swing endiablé à l’image d’Oscar Peterson, bouillant par les salves de l’orgue. En introduction de « Upstair Blues » il fait pleurer la contrebasse. Sur le tempo up du morceau « Indiana », le contrebassiste montre sa technique et son sens de l’articulation.
À pas de velours, le contrebassiste développe des jolies phrases mélodieuses et bien Bluesy.
« Bric A Brac » est un concentré de Soul.
En 1960, « Jazz Cello » est un très bel album, où les arrangements soyeux subliment les mélodies. Le solo sur « That Old Feeling » illustre l’attaque des cordes à la main droite et la précision des notes qu’il obtient avec la main gauche. Il joue également sur cet album du violoncelle d’où la référence au “Cello”.
Sur tous les thèmes, il est un soliste à part entière où les improvisations sont émaillées d’arrangements de la section cuivres.
Roi dans le swing, Ray improvise des solos chantants autant sur la contrebasse que sur le violoncelle. Il continua ce que défricha un autre grand bassiste, Slam Stewart qui chantait ce qu’il jouait et qui affectionnait tout particulièrement le jeu à l’archet.
En 1962, il est avec le All-Star Big Band et invite le grand altiste Cannonball Adderley. Il est en question réponse avec les cuivres sur « Work Song » de Nat Adderley qui joue d’ailleurs sur la session.
Après les solos de sax et de trompette le solo de contrebasse est fait de belles notes et d’intonations Bluesy.
Les collaborations avec Oscar Peterson sont difficiles à dénombrer mais aux alentours de deux cent. Deux grands disques chez Verve qu’il faut écouter sont « Night Train » de 1962 et « We Get Requests » de 1964.
Milt Jackson était aussi un compagnon de route.
En hommage à Jimmy Blanton, l’un de ses inspirateurs et contrebassiste d’Ellington, Ray Brown enregistre en 1972 un hommage en duo avec Duke, « This One’s For Blanton ! ».
Le piano sautille de swing tout comme le contrebassiste qui joue walkin et fait usage du vibrato.
Sur le second mouvement du « Fragmented Suite For Piano And Bass », les accords très modernes stimulent le contrebassiste qui déploie des phrases pleines d’énergie.
Ray était très à l’écoute de celui partait en solo.
Le contrebassiste n’était pas un grand compositeur, mais un innovateur sur le plan de l’improvisation. Il aimait les interactions, le dialogue et s’immisçait entre deux accords ou deux notes.
En 1975, il enregistre en trio « The Big 3 », au cours duquel il accompagne Joe Pass et Milt Jackson. Les trois musiciens jouent des standards dans un esprit de Jam de haute volée. Plus largement, le contrebassiste joue des phrases Bluesy avec un sens aigu de la mélodie.
En 1977, le pianiste Jimmy Rowles et lui dialoguent en toute intimité. La présentation du thème de « Who Cares » par Ray Brown est suave. Le walkin tapisse les solos magnifiques du pianiste.
Sur l’album de 1978 « Something For Lester », Ray Brown le joue avec Cedar Walton et Elvin Jones!
« Ojos de Rojo » est une composition débordante d’énergie sur un rythme latin enflammé.
La partie de basse colle au plus près le jeu magnifique du pianiste.
Cool et apaisant le thème « Slippery »composé par le contrebassiste illustre le sens du Blues qu’a Ray Brown.
Sur « Something In Common » signé Cedar Walton, le contrebassiste part en premier en solo pour des phrases joviales. Il reprend un solo qui montre la technique de ce grand Monsieur qui jouait avec tant de musiciens, tant sa façon d’accompagner et d’improviser séduisait
Sans établir une liste exhaustive des albums de Ray Brown, le disque « Soular Energy » de 1984 avec le pianiste Gene Harris est une bonne surdose de Swing. Il invite le saxophoniste Red Holloway et la guitariste Emily Remler qui joue dans un style Blues prononcé sur le morceau Mistreated But Undefeated Blues”
En 1987, le contrebassiste publié « Breakin Point » joué entouré de George Shearing et Marvin Smith. Le trio joue des standards comme « In The Wee Small Hours Of The Morning ».
Au toucher très émouvant du pianiste se joignent les phrases de la contrebasse sont jouées avec puissance et technique.
À la fin des années 90, le contrebassiste Ray Brown constitue un trio avec John Clayton et Christian McBride. Ce trio de contrebasses donnera lieu à deux disques “Superbass” et “Superbass 2”. Les trois contrebasses s’assemblent à merveille pour l’interprétation.
Du Swing et de l’énergie sont au rendez vous avec ces trois contrebassistes exceptionnels.
Quel groove sur « Brown Funk » et quel up- swing brûlant sur « Who Cares ».
Dans le second album, la version de « Papa Was A Rolling Stone » est juste grandiose avec un thème à l’archet explosif.
Ray Brown a ouvert la voie pour donner les lettres de noblesse à la contrebasse. Sa technique ses phrases son côté mélodieux en font un immense contrebassiste qui participa à un très grand nombre d’enregistrements.
Habité par le Blues, Ray Brown était un seigneur de la contrebasse par sa musicalité, sa générosité et un Swing des plus heureux.