Le Be-Bop a fait éclore de nombreux jazzmen de génie et parmi eux, Charlie Parker,Dizzy Gillespie et Miles Davis.

Le jeune Art Farmer démarre sa carrière au milieu des années 40 en pleine période où la métamorphose du Jazz est majeure.

Il se formera avec le pianiste Jay McShann et forgera là son style, des phrases Be-Bop fines et discrètes à la différence d’autres musiciens qui étincellent par leur attaque des notes. Les trompettistes qui sont arrivés après comme Lee Morgan, Freddie Hubbard ou Donald Byrd ont un jeu plus percutant.

Sideman prestigieux il sera aux côtés de Cannonball Adderley, Horace Silver et Benny Golson avec qui il formera le Jazztet.

On commence un tour discographique par l’album intitulé « Early Art » enregistré en 1954. Il est une somme de deux sessions.

La première regroupe Sonny Rollins, Horace Silver et Kenny Clarke.

Entre la douceur de « Wisteria » sur lequel la trompette feutrée nous émeut et le thème up swing Confab In Tempo » est un rouleau compresseur sonore. Sonny Rollins joue des phrases incisives tout comme le trompettiste.

Sur l’album de 1956 « Farmer’s Market », la trompette est lumineuse dès son solo sur le thème d’ouverture « With Prestige » dont la structure est de 32 mesures. L’alliance du saxophoniste Hank Mobley au son moelleux au trompettiste fonctionne à merveille.

Art Farmer a une sonorité douce même dans un contexte Hard Bop comme c’est le cas. Le son est plutôt classique proche du Blues mais l’attaque n’est pas incisive.

Le second thème « Ad-Dis-Un » sonne dans l’esprit Soul comme Horace Silver et les Jazz Messengers. La particularité de la structure de ce thème ecrit aussi par le pianiste Kenny Drew, est que le pont fait six mesures. Les sonorités de la trompette et du saxophone sont chaleureuses.

Chez Prestige, vous pourrez ecouter une sélection de huit albums dont « Portrait Of Art Farmer »  » Early Art » . Dans la série des disques on a le magnifique « Modern Art » avec Bill Evans au piano et le titre swing « Mox Nix », un Blues Mineur sur lequel la trompette et le sax déroulent des phrases toniques avec des flots de notes assez denses. Le pianiste est comme un chat sur les touches.

Sur « Portrait Of Art Farmer » on a un thème cool intitulé « By Myself » sur un tempo médium swing.

A cette période, il participe à deux grands disques de Hard Bop signés Horace Silver « Stylings Of Silver » et « Further Explorations ».

Le pianiste s’entoure entre autres d’Art Farmer sur des thèmes croisant le Blues le Be-Bop pour un Hard Bop étincelant.

Quelques années après, le trompettiste de Hard Bop montre son ancrage dans le Blues avec le disque « Sing Me Softly Of The Blues », une ode aux racines du Jazz.

Ce disque enregistré en 1965 est d’une grande modernité et il est intéressant de le considérer comme un tournant dans la trajectoire du trompettiste.

Sur cette session figurent Jim Hall, le bassiste Steve Swallow, le batteur Pete La Roca et le pianiste Steve Kuhn qui propose des harmonies innovantes. La trompette aérienne joue en dehors des cadres traditionnnels du Hard Bop. Le titre éponyme est assez fin, sensuel et romantique.

Le second thème ecrit en trois temps intitulé « Ad Infinitum » est subtil plein d’espoir et d’envolees lyriques à la trompette. Le jeu du pianiste est assez puissant les voicings sont ravageurs.

Le titre « Tears » est dans la mouvance du Jazz Modal. Le piano lance des tourbillons avec sa main gauche tout à fait renversants.

Au milieu des années 70, il enregistrera des sessions consacrées aux standards de Duke « To Duke With Love » et un magnifique album  » Yesterdays Thoughts ».

Entouré du contrebassiste Sam Jones, du batteur Billy Higgins et du pianiste Cedar Walton le trompettiste reprend des ballades et des thèmes suaves.

Figure importante du Hard Bop, Art Farmer se distingue par son souffle léger. Après les disques des années 50, il prit une direction très novatrice.

Dans son quartet avec Jim Hall, il propose des interprétations sophistiquées sur le plan harmonique, le tout dans un climat Cool Jazz avec des sonorités apaisantes.

Ce trompettiste avait à cœur un sens de l’esthétique sur le plan de la sonorité qui le met à part des autres musiciens.