Sur la route du Jazz

ROY AYERS/ SOUL FUNK ET JAZZ

Le vibraphoniste Roy Ayers est un représentant du courant Smooth mêlé au Funk et à la Soul.

Il commence pourtant sa carrière en jouant du Jazz et devient professionnel à l’âge de dix huit ans. Il est musicien dans des groupes de Hard Bop comme celui de Phineas Newborn Jr ou Teddy Charles.

Capable de jouer des phrases limpides et doté d’une haute technique, ce musicien aime swinguer.

Son premier disque « West Coast Vibes » montre qu’il est un Jazzman rompu au langage du Jazz moderne.

Le morceau d’ouverture intitulé « Sound And Sense » envoie une sacrée dose d’énergie.

Le motif mélange pentatonique et quelques chromatismes. Sur une structure de seize mesures, le vibraphone part en premier en solo où les phrases imprégnées de Blues et de Soul font ressortir de belles articulations chromatiques. Le sax ténor reprend le flambeau. Le pianiste en forme lui aussi envoie des salves Jazzy Blues qui détonnent. Les 4/4 sont très conviviaux entre vibraphone et saxophone.

La finesse du vibraphone s’exprime sur le thème « Days Of Wine And Roses » en Bossa.

« It Could Happen To You » est joué avec une grande retenue ce bruit des mailloches sur les lamelles.

Avec « Donna Lee » la pression monte d’un cran, le tempo sur les chapeaux de roue stimule les solistes. Les notes de cristal s’enchaînent.

« Riccardo’s Dilemna » un thème en 6/8 est exposé au soprano et dont les contrechants sont joués par Roy Ayers.

L’ambiance est Coltranienne lorsque le soprano expose le thème « Out Of Sight ».

La batterie est incandescente la contrebasse en velours et le vibraphone s’envole entre phrases aériennes et trémolos.

La reprise de « Well You Needn’t » à toute allure donne une indication du niveau technique de ce combo. La composition de Thelonious Monk très ardue harmoniquement n’impressionne pas les solistes.

En 1967, une étape est franchie.

Le vibraphoniste passe du Soul Jazz à un un Hard Bop plus modal qui s’inscrit dans le Jazz Post Coltranien avant-gardiste.

Roy réunit sur cet album »Virgo Vibes » notamment sur « The Ringer » Charles Tolliver, Joe Henderson Herbie Hancock Reggie Workman.

Sur un rythme latin l’équipe offre des solos d’une belle énergie sur « Ayerloom ».

L’assise rythmique est précise les notes de vibraphone fusent par flots.

Le saxophoniste le pianiste et le trompettiste sont dans le même esprit.

L’ambiance latine continue avec le morceau « In The Limelight ».

Le titre éponyme est plus Soul et Blues sur un rythme en 6/8.

Plus mystérieux est l’ambiance du disque suivant « Stoned Soul Picnic ».

La flûte la contrebasse le piano et le vibraphone créent un climat propice au rêve et à l’imaginaire sur « A Rose For Cindy ».

Le vibraphone se répand avec douceur sur le thème introductif « A Rose For Cindy » en trois temps.

Là aussi le vibraphoniste s’entoure d’une équipe de choc Charles Tolliver, Herbie Hancock, Ron Carter Gary Bartz, Hubert Laws, Grady Tate. Le solo d’alto est lumineux.

Roy Ayers aime varier les ambiances entre d’un côté le Jazz modal exigeant et la Soul Rythm n’ Blues de « Stoned Soul Picnic ».

La mise en place en 3-3-2 sur « Lil’s Paradise » est une tourne souvent utilisée dans le Jazz qu’on entend avec la tourne de contrebasse de Miroslav Vitous.

Le vibraphoniste publie de grands disques qui le placent comme un incontournable du vibraphone.

« Daddy’s Bug » propose pour certaines plages un Jazz visionnaire moderne.

La composition éponyme instille suspense comme si ce thème était le générique d’un film policier.

Sur « Bonita », on aime ces cordes qui effleurent le thème et les improvisations.

Lunaire est la composition « Shadows » de Buster Williams présent sur la session. On entend Herbie tenter des harmonies insolites, la contrebasse tapisse avec douceur le vibraphone lumineux porteur d’espoir.

En 1970 lorsque le vibraphoniste sort « Ubiquity » il prend le tournant de la Soul et s’éloigne du Soul Jazz et du Jazz Post Bop modal, qu’il joue au début de sa carrière.

Les phrases sont toujours imprégnées de Jazz mais les séquences rythmiques s’inscrivent dans le groove le plus total.

Écoutez la chanson « Hummin’ In The Sun » une mélodie qui fait rayonner les coeurs par son optimisme. Sur les accords mineurs le vibraphone fait sortir les émotions.

Roy poursuit sa trajectoire sur « Virgo Red ». La guitare électrique rugit comme sur le morceau « I Am Your Mind ».

Le Groove est en retenue mais on bouge quand même sur « It’s So Sweet » et ses harmonies à la « Maiden Voyage ».

Le vibraphoniste reprend les titres « Ain’t No Sunshine » de Bill Withers et « Papa was A Rolling Stone » écrit par Norman Whitfield. Les salves de cordes, les cocottes de guitare et de clavier sont un boost constant pour le groove.

Le vibraphoniste réalisera un bon nombre de disques dans la vibe de la Soul.

On peut citer « Change Up The Groove » et sa reprise du thème de « MASH » et le morceau « Fikisha ».

En 1975 « Mystic Voyage » est dédié à Cannonball Adderley qui mourut quelques semaines avant sa sortie.

La voix de la chanteuse prend aux tripes sur le morceau « Take All The Time You Need ». La basse bouillonne la voix est explosive.

L’album de 1976 « Everybody Loves The Sunshine » est un peu plus une immersion dans cette ambiance Disco Funky des années 70, plus Smooth. Le titre éponyme laisse s’exprimer la jolie voix de Debbie Darby enrobée de la voix en fond.

Du Be-Bop au Post Bop, Roy Ayers grava des albums très intéressants du point de vue des harmonies et des thèmes proposés.

Le virage Soul à partir des années 70 laisse entendre une musique certes plus accessible mais qui groove à haute dose.

Une carrière qui est bien remplie du point de vue discographique en leader, mais encore plus en sideman car Roy Ayers est tout terrain. Il peut accompagner aussi bien les Jazzman que les chanteurs de Soul et Hip Hop, comme Whytney Houston, Eric Benet ou Jill Scott.

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