Il était un colosse à tous les sens du terme. Une corpulence à la Oscar Peterson, une technique comparable au pianiste Canadien ou aux pianistes de Be-Bop tels Bud Powell.
Connu pour être le pianiste de John Coltrane de 1960 à 1965, McCoy Tyner bouleversera à lui tout seul le rapport au piano et aux harmonies.
À l’âge de 17 ans seulement, il joue pour la première fois avec le saxophoniste qui reprendra avec son groupe la composition du jeune pianiste « The Bieliever ». Ce dernier l’enregistrera au cours de la session du même nom en 1957.
Ce thème sonne d’ailleurs très Soul Jazz mouvement qui émerge à ce moment là avec Horace Silver Horace Silver – Blue Note Records et Art Blakey Art Blakey – Blue Note Records.
Percussif, énergique le jeu de McCoy ne laisse pas indifférent. Une main gauche qui plaque les voicings avec une puissance, des phrases en avalanches de notes.
Il commence d’abord à enregistrer chez Impulse quelques disques qui valent le détour comme « Inception » en compagnie d’Elvin Jones et Art Davis. On relève déjà sur cet album de 1962 l’empreinte rythmique de ses compositions comme « Effendi ». Le motif de piano doublé à la contrebasse est un grand moment.
Ensuite c’est chez Blue Note qu’il enregistre des sessions qui deviendront des classiques dans cette période post Coltranienne.
Avec un style très personnel, McCoy Tyner est très vite reconnaissable.
« The Real McCoy » de 1967 est un grand album au cours duquel le pianiste confirme ses talents d’improvisateur et de compositeur.
Avec des sidemen comme Joe Henderson Joe Henderson – Blue Note Records , Elvin Jones!, Ron Carter l’enregistrement ne peut être que grandiose.
« Passion Dance » au tempo rapide respire l’Afrique. La ballade « Search For Piece » est un chef d’oeuvre.
D’autres disques où l’esprit de l’Afrique est présent l’album « Extensions ». Avec un ensemble élargi McCoy continue d’explorer à travers ses compositions les sonorités Africaines. Alice Coltrane offre des nappes de notes d’une grande douceur. Le son de Wayne Shorter au ténor se rapproche de celui de Coltrane. Quant à Gary Bartz Gary Bartz Quartet, il ouvre une nouvelle voie pour l’alto.
Tout le monde participe à merveille à cette esthétique sonore et harmonique d’une grande puissance. Le morceau « The Wanderer » vous fera voyager entre musique Africaine et Be-Bop renversant.
Compositions envoûtantes qui prennent aux tripes, vous êtes emportés par ce souffle sonore renversant. Les thèmes sont d’une grande profondeur. Le jeu en pédales les renversements d’accords voilà la signature de McCoy, sans oublier les phrases d’une grande virtuosité ciselées à la perfection et aux débits intenses.
Chez Original Jazz Classics la fougue de McCoy s’amplifiera encore avec des sessions comme « Sahara » ou « Song For My Lady ».
Sur ce dernier disque, la présence du trompettiste CHARLES TOLLIVER et de l’altiste Sonny Fortune. accentuent encore d’un cran l’énergie et la sensation de transe. À noter aussi le disque « Song For The New World » en ensemble large et le disque « Atlantis » avec le saxophoniste Azar Lawrence qui enflamme le climat. Pendant plus de 17 minutes la musique vous emporte.
Dans les années 80 et 90, McCoy Tyner multipliera les collaborations avec Georges Benson , Michael Brecker et John Scofield.
Avec le saxophoniste on réécoutera la version d’anthologie d’ »Impressions ». On notera le très intéressant « Guitars » de 2008 en compagnie de Derek Trucks Marc Ribot et de nouveau John Scofield.
Avec ce dernier il nous offre une version de « Mr P.C » toute en finesse.
Monument du piano moderne incontournable des musiciens de Jazz, McCoy Tyner décédé en 2020 laisse une empreinte considérable. Il est l’un des plus grands pianistes avec Herbie Hancock et Chick Corea à avoir triture les accords chercher des nouveaux chemins dans l’improvisation.
Voici quelques moments d’intensité que j’ai sélectionnés parmi l’œuvre immense de ce pianiste si important !